Quand l’école ne comprend pas : colère, repli et confusion chez les élèves et étudiants neurodivergents

“We should not fit our life to the demands of social conformity; we can’t find a model to live by from others, we can only find that within ourselves.”

“We do not think of the neurodiversity movement as one that seeks to integrate neurominority people into all the existing ways of living in the world as a human being.”

“There is a certain way of being human that is our way. We want to be free to live our life in our way, and not in imitation of other’s life.”

Quand l’école ne comprend pas : colère, repli et confusion chez les élèves et étudiants neurodivergents

par Nathalie Bertrand, membre du conseil d’ION Canada et coach en neurodiversité basé au Québec

Dans mon travail d’éducatrice spécialisée en milieu scolaire primaire, je suis quotidiennement témoin de réactions qu’on juge “inappropriées” ou “explosives” chez des enfants qui, en réalité, sont simplement dépassés. Ils n’ont pas encore les mots pour expliquer ce qu’ils vivent. Et bien souvent, personne ne les a aidés à comprendre ce qui se passe à l’intérieur d’eux.

Je reconnais ces réactions, parce que je les ai vues aussi dans ma pratique de coach auprès d’adolescents et d’adultes neurodivergents. Des années plus tard, ces jeunes sont devenus des étudiants ou de jeunes professionnels, et pourtant,
les mêmes blessures émergent : la colère, le découragement, la honte de ne pas réussir à fonctionner “comme tout le monde”.

Il y a un fil conducteur que je vois revenir sans cesse, peu importe l’âge ou le niveau d’éducation : une surcharge émotionnelle face à un environnement qui ne les comprend pas.

Dans mes groupes, je vois des enfants qui s’effondrent parce qu’ils n’ont pas eu de pause entre deux activités trop stimulantes. D’autres qui “explosent” parce qu’on leur a imposé une transition sans les prévenir. Certains s’enferment dans
un silence complet, incapables de verbaliser leur inconfort, leur frustration, ou leur détresse.

Ce n’est pas de la provocation. C’est une tentative de survie.

Et plus tard, au cégep ou à l’université, ces mêmes mécanismes se répètent — mais deviennent moins visibles. Le jeune n’explose plus. Il s’épuise. Il décroche. Il se convainc qu’il n’est pas “fait pour ça”. On parle alors d’un manque de motivation, de rigueur ou de maturité. Mais si on gratte un peu, on trouve souvent des besoins jamais nommés, jamais reconnus, jamais accueillis.

C’est pour cela que j’ai choisi d’accompagner les adolescents et les adultes neurodivergents en coaching : pour leur redonner un espace où leurs réactions ont du sens, où leurs besoins sont légitimes, et où ils peuvent apprendre à se comprendre, plutôt qu’à se corriger.

Je crois que si l’on veut bâtir une éducation inclusive, on doit commencer par écouter ce que les comportements ont à nous dire. Et accepter que les jeunes neurodivergents ne puissent pas toujours s’exprimer avec des mots… mais qu’ils
s’expriment quand même.

Et si on choisissait de les croire ?

 

Je suis Nathalie Bertrand, membre du conseil d’ION Canada et coach en neurodiversité. Je suis également fièrement neurodivergente moi-même. J’accompagne depuis plusieurs années des adolescent·e·s et des adultes neurodivergents dans leur cheminement, avec une approche profondément humaine et respectueuse de leurs rythmes.

Forte de mon expérience comme éducatrice spécialisée au primaire, j’observe au quotidien l’impact des malentendus et de l’invalidation sur les jeunes.Mon but : offrir un espace où les réactions ont du sens, où les besoins sont reconnus, et où il devient possible d’exister sans se corriger en permanence.

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